Le web a 20 ans, 5000 heures à peine. Un temps infiniment court. Une génération, conclura-t-on hâtivement. La croissance de sa surface publique, le développement de son écologie, la plus grande accessibilité de ses cœurs de partout liés, la démocratisation de ses usages, l’accélération constante de la bande passante, les avancées technologiques permanentes qui ont caractérisées ces 20 dernières années sont les prémices de l’ère des réseaux que d’aucun ont qualifié d’âge d’or de la connaissance, de la démocratie et des échanges.
20 ans de progrès se heurtent pour la première fois à une décélération violente : l’ancien monde et son économie du périssable intoxiquent politiques et leaders d’opinions au point de générer une vague à contre-courant dont les premières écumes furent habillées d’un béret et d’une baguette.
Ce premier combat de l’ère pré-numérique est un combat hautement politique. Il est un combat de défense des libertés, jusque-là toujours croissantes dans le cyber-espace. Il est la bataille mère de tant d’autres : celle vers de nouveaux modèles économiques, démocratiques et de société (de vivre ensemble). Cette bataille transcende courants de pensées et générations, elle fédères les usagers contre les mystiques, ignorants ou Goliaths aux puissants intérêts.
Le web3 qui naît dans ce reflux sera plus belliqueux qu’il ne le fut, il sera défense de la mue civilisationnelle engagée par les 5000 premières heures de son histoire, de notre histoire. Celle de la conquête d’un nouveau far-west, celle que spécialistes et fabricants de concepts nomment de “colonisation sociale”. Celle qui fit également de chaque individu un média.
A l’inverse de ces deux héros dont l’histoire fut contée et conservée grâce à des copistes (des pirates ?) il y a plus de 2000 ans de cela et qui jamais n’auraient du croquer le fruit dont ce Mac est orné, c’est à nous, premiers internautes maintenant de rides sculptés de transmettre cette mémoire commune et ce message essentiel : défendez, toujours, le fruit de ces 20 années de vagabondages digitaux.
Libertés et abondance sont les mamelles du web jusque-là bâtit, loleries après lignes de codes. C’est ce fruit défendu – ce fruit à défendre – qui, plus que quelque nouvelle marche technologique à franchir, caractérise le web naissant.
La liberté des uns ne fait pas simplement que s’arrêter là ou commence celle des autres. Elle s’y bâtit. Elle s’y renforce. Elle y créé ses tranchées pour que jamais nul n’y érigent de murs. Ce n’est pas anodin que les prémices de cette (r)évolution se manifestent d’abord dans le vieux pays des “fromages qui puent”. Ceci fait ainsi écho à une autre histoire. Une Histoire majuscule. Une majuscule à l’image de celle qui orne ce Cosmos où nous projetons nos Comètes : Internet.
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A propos de cet Internet sans majuscule, je vous recommande ce récent billet de Jean-Michel Planche / image via mmatasic (plus soft que celle-ci /-)